Certaines des langues les plus parlées au monde sont le fruit d’importants échanges culturels et linguistiques.
Comme nous l’avons déjà vu dans cette série, la langue anglaise est elle-même un amalgame des quatre langues qui ont dominé les îles britanniques au fil de l’histoire : l’anglo-saxon, le scandinave, le français et le latin.
Si l’on tient compte des autres mots empruntés par l’Empire britannique à travers l’importation du Moyen-Orient, d’Inde, d’Amérique latine et d’Asie du sud-est, on s’aperçoit que même une langue dite « ancienne » comme l’anglais est en constante évolution et renferme de précieuses informations sur l’histoire sur de sa culture.
Il en va de même pour les mots anglais adoptés par d’autres pays.
Au cours des cent cinquante dernières années, la langue anglaise s’est imposée à travers le monde comme une langue dominante pour deux raisons principales : l’essor économique et mondial des États-Unis et les innovations technologiques réalisées dans le domaine des communications, à travers notamment la radio, la télévision et Internet. Ces médias et sources d’informations, essentiellement dominés par l’anglais, ont diffusé des émissions, des nouvelles et des messages publicitaires en langue anglaise aux quatre coins de la planète.
Par conséquent, beaucoup de langues emploient désormais de très nombreux mots empruntés à l’anglais. Il est d’ailleurs intéressant de noter que contrairement aux mots allemands ou français absorbés par la langue anglaise, ces emprunts sont beaucoup plus récents. En voici quelques exemples :
Allemand
Les mots anglais empruntés par l’allemand sont généralement des termes modernes liés à des inventions ou à des appellations professionnelles.
Anti-baby Pille : pilule contraceptive
Handy : téléphone portable
Trainer : entraîneur (terme généralement employé dans le contexte d’une équipe de football)
Français
Les mots anglais empruntés par la langue française sont curieusement idiosyncrasiques. Beaucoup font référence à des vêtements et à la mode (« jeans », « pull », « smoking ») mais on trouve aussi quelques anomalies comme le « week-end ». Il est aussi intéressant de noter que le mot « parking » est couramment utilisé en français et en italien.
Le parking (car park)
Le week-end (weekend)
Le smoking (tuxedo)
Les jeans (Blue jeans)
Italien
Camping Camping
Dancing : Salle de danse/boîte de nuit
Eskimo : Parka
Japonais
Si le kanji (qui est la forme traditionnelle de l’écriture japonaise basée sur des logogrammes à l’image du système chinois), se prête assez mal à l’intégration de mots étrangers, la forme d’écriture appelée « katakana », en revanche, (qui utilise un alphabet) peut aisément adopter des mots exotiques. La culture japonaise, et les jeunes en particulier, absorbent aujourd’hui de plus en plus de nouveaux mots anglais qui entrent peu à peu dans les dictionnaires.
Dining kitchen : salle à manger avec cuisine
Salaryman : cadre/employé de bureau
Les Japonais adoptent aussi beaucoup de mots anglais en leur ajoutant une structure japonaise : le mot « ending » devient par exemple « endingu ». On trouve également des exemples de ce type d’adoption dans le monde du sport : le mot « soccer » (football) devient « sakkaa », « half-time » (mi-temps) devient « haafu taimu » et « referee » (arbitre) devient « refurii ».
Pourquoi emprunter ces mots ?
Comme vous l’aurez peut-être remarqué, certains de ces mots sont assez logiques : il est en effet facile de comprendre pourquoi les Allemands appellent un téléphone portable « handy », quand on sait qu’en Amérique (un pays où cet appareil est très populaire), on l’appelle un « handheld ». Mais on peut aussi trouver des mots dont le lien avec le mot d’origine semble beaucoup plus mystérieux. Ceci est particulièrement vrai dans la culture japonaise.
Le magazine des dictionnaires Macmillan consacre d’ailleurs une préface très intéressante à ce sujet. Comme l’explique Diane Nichols dans son article sur les mots japonais empruntés à l’anglais [http://www.macmillandictionaries.com/MED-Magazine/April2003/06-language-interference-loan-words.htm], beaucoup de ces mots sont liés au commerce. Si le mot concerné est difficilement compréhensible par un public japonais, le simple fait qu’il soit écrit en anglais lui offre un certain cachet. Il en va de même pour les autres langues européennes, comme l’italien et le français :
« Un visiteur au Japon sera très étonné (et amusé) de remarquer que beaucoup de produits japonais sont vendus à l’aide de mots et de slogans anglais dans leurs messages publicitaires. Dans The Cambridge Encyclopedia of Language (CUP 1997), David Crystal souligne la nette préférence des constructeurs automobiles japonais pour des mots anglais, français ou italiens dans le choix des noms de leurs produits (comme par exemple, Nissan Bluebird, Cherry, Sunny, Violet, Stanza). Mais dans bien des cas, le choix du mot utilisé semblera assez étrange. C’est le cas, par exemple, de la boisson appelée Pocari Sweat ou des gants de ménage Clean life, please. D’autres noms de produits sont totalement inexplicables, comme le shampooing I’ve, le rasoir électrique Love-Love et le préservatif Super Winky ! Les annonceurs japonais reconnaissent que le véritable sens des mots utilisés a souvent peu d’importance dans la mesure où le public ignore généralement ce sens. Le principal est que le mot en question inspire la confiance chez le consommateur à travers son exotisme ».